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The Mirabeller
24 mars 2014

Ah bah le voici le texte que je voulais poster !

Lorsque j'ai écrit ce texte il y a maintenant plus d'un an, je passais par une grosse crise de la page blanche. Une amie m'a alors donné une phrase pour que je commence un texte. En est ressorti ma première histoire lesbienne que je n'ai pas voulu relire avant de poster, j'ai senti que j'allais détester et apporter un bazillion de corrections. Donc pour le moment, voici le texte dans son jus, et qui sait, peut petre que j'en ferrai une nouvelle version un jour ? Vu que j'ai une tendance à l'autorrection plus systématique que Word :p Aller, go ahead, and enjoy !

Le vent s'infiltra jusque dans ses os. Debout sur la falaise, elle fixait les eaux tumultueuses. Une vague plus forte que les autres projeta son écume vers le ciel bas et gris. Une autre rafale fit vaciller son corps frêle. L'eau était d'un joli gris-vert, elle avait oublié combien cet endroit était beau, il y avait si longtemps qu'elle n'y avait pas mis les pieds. Elle n'avait oublié ce qui c'était passé ici.

    Ce souvenir semblait à jamais gravé en elle. C'était ici qu'elles s'étaient embrassées pour la première fois, ici qu'elles c'étaient vus pour la dernière fois. Elle n'avait compris ni l'un ni l'autre. Comment pouvait-on l'aimer ? Comment pouvait-on alors la quitter ?

    Ça n'avait pas été un coup de foudre, plutôt un crescendo. De regard en regard, de sourire en sourire… Elle qui avait toujours cru aimer les hommes était tombé amoureuse d'une fille. Elle avait eu peur, avait désormais fixé tous les mecs qu'elle croisait dans le (dés)espoir de tomber amoureuse. Elle s'efforça de la haïr, n'y parvint pas, alors, elle accepta.

    Un autre coup de vent fit danser ses cheveux blancs devant ses yeux. Jadis ils étaient noirs, épais ; aujourd'hui fins et presque translucides, ils ondulaient légèrement sous l'effet des embruns. Elle sourit. Ils ondulaient aussi ce jour là.

    Comme presque tous les jours, elle était venue sur la falaise après les cours. Elle aimait l'impression de force qui se dégageait de cet endroit, ici, face à la nature, elle se sentait à la fois faible; écrasée et pourtant forte, grandie par la mer. Elle l'aimait tant cette mer ! Tantôt d'un vert lumineux et tantôt d'un gris sourd. Tantôt calme et tantôt rugissante. sans doute s'y reconnaissait-elle un peu. Ce jour là, elle n'était pas seule. Plusieurs fois elle avait cru être suivie, alors elle avait délibérément attendu dans l'espoir que ce soit elle. Et c'était elle.

    Le vent avait porté son odeur jusqu'à elle ; ce jour là, il soufflait depuis la terre. Elle l'avait laissé approcher, le coeur battant, et quand elle l'avait sentit derrière elle, elle s'était retournée d'un mouvement vif.
"Tu m'as suivi ?"
Elle avait éludé la question : "- Tu aimes cet endroit ?
- Beaucoup.
-Il te ressemble.
-Tu trouves ?"
Leurs visages étaient tout proches. Aujourd'hui, elle ne savait toujours pas qui avait fait le premier pas. Peu lui importait.

    Son coeur se serra. Frissonnante, elle resserra les pans de sa veste autour d'elle. Comment cela avait-il pu finir ainsi ? Comment n'avait-elle pu rien voir ?

    Elle ne rencontra jamais ses parents, les siens continuèrent de faire abstraction. Rares furent ceux qui les comprirent. Elles étayants seules. Et puis un jour qu'elles avaient rendez-vous…

    Une larme roula sur sa joue. Puis une autre. Elle les laissa dévaler son visage ridé, il y avait si longtemps qu'elle n'avait pas pleuré. Elle entendait encore les sirènes. Elle se revoyait s'arrêter puis partir en courant vers la plage. elle se revoyait plasmodier "non, non, non". Elle se revoyait bousculer la foule. Elle se revoyait s'agenouiller. Elle se revoyait comprendre. elle pouvait encore s'entendre hurler.

    Un gémissement s'échappa de ses lèvres. Ses mains avaient lâché sa veste et s'étaient crispées de douleurs sur ses avant-bras. Ici avait cessé son bonheur. On dit que l'amour rend aveugle ; elle n'avait rien vu, n'avait pas compris qu'être ensemble revenait à proclammer leur propre condamnation. elle avait été égoïste.

    Depuis ce jour, elle s'était fermée, s'était laissée porter par la vie, avait été heureuse quand il le fallait, avait rit quand c'était nécessaire. Elle n'était pas resté seule, avait multiplié les aventures, prenant ce qui venait, et laissant repartir. mais dans son esprit, parce que sans Elle, elle était abandonnée.

    Elle avait vieilli et aujourd'hui, elle était de retour là où sa jeunesse avait disparue. Elle ferma les yeux, invoqua son image et se laissa tomber.

    L'eau s'infiltra jusque dans ses os. Elle se laissa étreindre par la mer.

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